Page 75 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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le 15 mai 45, nous avions donné nos adresses aux libérés, mais ceux-ci
            ne sont arrivés en France que peu de semaines avant nous. Je ne sais
            pas si votre père a pu communiquer mon signe de vie à mes parents ?
            Ce n’est pas impossible parce qu’un autre message est parvenu à
            mon adresse de Mundolsheim. Nous étions « disparus » depuis notre
            captivité car aucun courrier n’existait.
            Les prisonniers de 40 ont encore perdu du monde pendant cette
            période de libération par un allié étrange, et j’ai un cas en mémoire
            qui est décédé sur le chemin (ferroviaire) du retour. Triste. Triste aussi
            que votre père n’a pas profité très longtemps de sa vie après-guerre.
            Ces souvenirs réveillent une profonde émotion. Il y a beaucoup
            d’écrits pour Tambov, des pelerinages sont organisés tous les deux
            ans, en ces lieux où reposent dans les fosses commune 2 à 3 mille
            des nôtres dont certains venus avec votre père et qui auraient eu le
            privilège d’être enterrés avec ce qui leur restait de leurs uniformes,
            alors que les Malgré-nous l’étaient nus. »

































            Girgallen-Matz. Sur cette photo, François Couty porte le béret









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