Page 77 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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contenait entre autres la photo et les derniers mots d’un mourant.
            Mon mari a signé toutes les lettres, il n’a pas pu les lire, il m’a seule-
            ment dit : merci je te fais confiance. »

            Avec ces témoignages, tout est dit sur Tambov, inutile de s’appesantir
            sur tel ou tel détail sordide. À quoi bon !
            Les conditions de vie étaient iniques : pas de courrier ni de colis, pas
            de papier ni de crayons, familles et prisonniers sans nouvelles les uns
            des autres, pas de centre de soins ; nourriture insuffisante, corvées
            harassantes dans un froid extrême, contaminations parasitaires, amai-
            gris, dénutris souvent victimes de dysenterie, déshydratés, firent que
            les plus faibles d’entre eux moururent d’épuisement physique et
            psychique. Tout était fait pour détruire les hommes.
            Tambov fut un goulag imposé aux prisonniers alliés et aux Français
            d’Alsace-Lorraine, un crime.

            Quétiéville, 20 mars 1945


            Marie-Madeleine écrit dans son agenda « Retour Daniel ». Daniel
            est son frère cadet prisonnier lui aussi au stalag VII A au centre de
            l’Allemagne. N° 65642.






























            Daniel Guibout prisonnier. Mon père avait noté son adresse.


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