Page 79 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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sud du stalag 1A. Ils ont évacué à pied le camp avant l’arrivée des
Russes, en plein hiver, marchant des journées entières dans la neige
sans ravitaillement. Ils ont été repris par les Russes à Katzendorf où
ils ont été témoins de scènes d’horreur. Ils ont rejoint à pied Ourlé
où un train les transporte à Odessa qu’ils atteignent en mars 1945.
Arrivés plus tôt, ils ont pu avoir un bateau, l’Arawa vers Marseille.
La colonne venant de Tambov partie en mai avait de meilleures condi-
tions météorologiques, mais il a sans doute fallu marcher longtemps
également avant d’avoir un train pour Odessa.
Pendant ce temps en Normandie Marie-Madeleine est toujours sans
er
nouvelles de son mari depuis le 1 octobre 44. Enfin, une carte-lettre
au courrier ce matin du 6 juin 1945, en provenance de Vézelay ! « Je
ne connais personne dans ce coin » a-t-elle dû se dire ?
« Madame,
Je vous écris en qualité d’ancien camarade de Francis. Est-il de
retour ? Je l’ai quitté à Memel lors de l’évacuation. Il était dans
une ferme et a évacué en voiture avec ses patrons. Étant dans une
usine de guerre, constructions navales, j’ai évacué par bateau.
Je ne l’ai donc plus revu depuis le mois d’octobre 44. Je serais
donc très heureux d’avoir de ses nouvelles, puisque nous avons
vécu dans la même ferme pendant un an (Kuhlen). Je ne souhaite
qu’une chose c’est que ce soit lui-même qui me réponde.
Michel Gallois »
Enfin des nouvelles, mais pas encore rassurantes car elles ne
disent pas ce qui s’est passé après le 10 octobre 44. Elle ne sait
pas qu’il est prisonnier des Russes ; elle ne le saura jamais d’ail-
leurs et heureusement. Cela aurait été une information plutôt
inquiétante. Elle l’apprendra de Francis seulement à son retour.
Michel Gallois est cité parmi les compagnons de Francis à Kuhlen.
En mai 1944 il avait été réaffecté à Memel à la construction navale.
4 Henri Laloux, Avril 1945. Libéré par l’Armée rouge, éditions Heimdal.
Lire également Survivre à Tambow de A. Zahner. Ed Salvator
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