Page 123 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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Jean Ratel est un prisonnier de guerre français dont Egidijus vient de
            retrouver la sépulture enfouie, en voie d’oubli.
            On en saura plus sur cette tragédie à l’occasion de notre second voyage.
            C’est enfin l’heure de se restaurer, il doit être 14 h 30. On remonte
            vers le nord en contournant Klaipeda et on va dans un restaurant à
            la frontière lettone sur la côte. Menu lituanien avec soupe de bette-
            raves et grosses pommes de terre garnies. Après ce plat solide, pas
            de dessert, on file. Excursion à Palanqua, station balnéaire réputée et
            séance calvados dans un bar où nous goûterons un excellent produit
            d’une marque connue en Normandie. À cette occasion je lui parle des
            traditions familiales de calvados en lui disant que nous avons encore
            de vieilles bouteilles produites par mon père - dont peut-être même
            certaines sauvées des bombardements. Ce qui me semble accentuer
            nettement ses projets de voyage en France.
            La visite se termine par le jardin public où se trouve le musée de
            l’Ambre et la statue de Birute, duchesse lituanienne ayant vécu au
                e
            XV siècle, vénérée par la population. Comme il s’agit d’une vénéra-
            tion « païenne » aux yeux des autorités catholiques, celles-ci feront
            construire un petit sanctuaire à proximité de Birute pour rappeler à la
            population les bonnes dévotions. Nous repasserons plus tard visiter
            le musée de l’Ambre, ce produit fascinant de Lituanie.


            Le lendemain, je dois appeler l’ambassade de France pour confirmer
                                   me
            le rendez-vous avec M  Leroux avant de reprendre l’avion le 17.
            Egidijus passe nous prendre à l’hôtel pour la suite du programme.
            Direction Tilsit vers le sud celle que Francis a suivie le 9 octobre
            1944 en partant de Neuhof, pratiquement au même endroit. Nous
            arrêtons comme lui à Sakuciai (Michel-Sakuten) où il a été capturé
            par les Russes. Nous marchons sur le pont où cela s’est passé ; c’est
            toujours le même, et il a tenu encore ce jour.

            Les Russes ont foncé vers la mer et occupé les points stratégiques.
            Francis était en voiture avec son patron. C’est ainsi que les prison-
            niers appellent les propriétaires des fermes qu’ils soient d’origine
            lituanienne ou allemande. Aucune fuite possible vers le sud-ouest.
            Le pays me rappelle un peu la vallée de la Dives, paysage de marais
            et de canaux.







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