Page 125 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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les diriger vers la gare où un convoi ferroviaire les emmènera vers la
            Russie. Nous allons ensuite voir une autre sépulture perdue dans la
            nature à Usenaï, celle d’un Alsacien décédé d’un accident de la route.
            Son épouse réussira bien plus tard à récupérer sa dépouille, mais la
            pierre gravée reste abandonnée dans l’herbe. Egidijus expliquera
            l’histoire de cette tombe.
            Et ce n’est pas fini : Il nous emmène à Dreverna (Drewernen) sur la
            côte où il a découvert deux autres tombes de prisonniers : il s’agit de
            Théodore Marche et Jean Viglione enterrés côte à côte dans un petit
            cimetière pentu. Il tiendra aussi à nous montrer un cimetière de pilotes
            d’avion de toutes nations, dont des Français de la fameuse escadrille
            Normandie-Niemen venus épauler l’aviation russe.
            Nous nous approcherons de Tilsit sur la rive droite du Niémen. Tilsit
            est situé dans l’enclave russe de Kaliningrad et s’appelle actuellement
            Sovetsk. C’est à Tilsit que fut signé en 1807 le célèbre traité du même
                                                    er
            nom entre Napoléon, le Tsar Alexandre 1  et le roi de Prusse.
            Le stalag 1A d’où partaient les différents kommandos de prisonniers
            était situé au sud de Königsberg. Pour rejoindre Memel ils doivent
            passer par Tilsit, ce que mon père fera le 6 août 1940. À ma connais-
            sance il n’est jamais revenu à ce stalag pendant sa captivité. Cette
            ville a eu 3 noms, allemand, lituanien (Tilzé) et russe.



            Samedi 11 juin 2016


            À 10 heures, Daiva et Egidijus nous apportent le journal de ce matin
            11 juin. Grande photo à la une avec Egidijus et moi dans la carrière
            de Liewern, lui genre baroudeur et moi bien chétif à côté tout de bleu
            vêtu. À l’intérieur double page 4-5 avec beaucoup de photos et un
            grand texte pas encore traduit au moment où j’écris ces lignes.
            Beaucoup d’honneur pour nous, ce qui me fait penser que les Lituaniens
            de Klaipeda sont sensibles à cette période de la guerre où ils ont vu
            passer tant de combattants de toutes nations, des vainqueurs et des
            vaincus. Nous ne savons comment remercier Daiva, nous la retenons
            en commandant à l’hôtel une sorte de petit déjeuner. Elle aura la
            délicatesse d’apporter à Brigitte un petit sachet d’ambre que les gens
            d’ici savent dénicher en se promenant sur les plages. Et nous nous
            quittons à regret. Grâce à elle j’ai connu Egidijus et noué le contact
            avec ce pays attachant, ce fut ma chance.



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