Page 124 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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Egidijus et Brigitte sur le pont de Michel-Sakuten
À l’entrée du pont il y a une auberge d’un côté, une ferme de l’autre. Je
pensais qu’il avait décidé de se livrer aux Russes, mais très récemment
j’ai découvert qu’il avait pris sur lui l’adresse de la Croix-Rouge à
Berlin - ce qui évoque plutôt le projet de rentrer par l’Allemagne. Son
patron a dû faire demi-tour. Avec Egidijus nous suivons les premières
étapes russes notées par mon père : Alk, Lankuppen, Wilkieten. Nous
empruntons le parcours des captifs : ils sont d’abord retirés vers l’ar-
rière jusqu’à Alk où ils restent deux jours puis rejoignent Lankuppen
par un chemin de marais le long de la rivière que nous suivons en
voiture. Là Egidijus avise une ferme abandonnée avec une grange
de grande taille et me dit : « Ils ont passé la nuit là ». Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a que cette grange ici assez grande pour abriter leurs
prisonniers. Nous rentrons dans la cour abandonnée. Il trouve dans un
bâtiment un vieil interrupteur électrique rouillé avec une marque russe
et une bouteille qu’il nous donne. Nous reprenons l’étape suivante
vers Wilkieten situé sur la voie de chemin de fer : petite gare rurale
d’où il partira le 16 octobre direction sud vers Schaulen (Siaulaï).
Ainsi, le seul fait de suivre le parcours des 3 premières étapes russes
notées « internements » avec un historien connaissant le terrain donne
une réalité et une cohérence à la séquence Alk, Lankupen, Wilkieten !
Il fallait mettre à l’abri vers l’arrière les nouveaux prisonniers puis
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