Page 88 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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et en effet la voiture s’arrête. Et Francis descend. Quelle joie.
C’est inoubliable ! Nous avons pris le petit chemin pour être seuls
un petit moment. Nous nous sommes assis au bord du talus dans le
petit chemin et c’était le grand bonheur retrouvé d’être l’un près de
l’autre. Cela fera quarante ans l’année prochaine et je me souviens
encore de petits détails. Retour vers la maison où la joie de la maman,
de Jeanne et de tous était très grande. »
De ce jour il n’y a aucune photographie : ce n’est pas étonnant, les
personnes présentes étant prises de court, l’émotion si forte, trop
forte, chacun voulant le prendre dans ses bras, le serrer, bien vérifier
que c’était le bon. Tant à dire … trop. Le soldat ne devait pas être
très présentable avec ses vieilles nippes, ses traits tirés, sa musette
fatiguée. Après 6 années d’épreuves, elle a dû le trouver bien changé,
lui aussi vis-à-vis d’elle, mais ils ne se le sont pas dit.
Comme j’aurais aimé avoir cette photo-là... Les premiers clichés
ont été pris le dimanche suivant avec plus de monde dont André et
Maurice. Chacun s’est ressaisi, a mis ses plus beaux atours pour la
photographie.
Le 23 août 1945. De gauche à droite :
Clémentine, André, Francis, Marie-Madeleine, Maurice, Jeanne, Henri,
Nicole, Claude. Eugénie photographe
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