Page 84 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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La Croix-Rouge a rétabli les courriers et informé les familles que
            leurs proches étaient vivants. Pour la suite la situation était moins
            brillante : le dernier bateau, l’Ascanius était bondé. Belges, Français
            se disputèrent les dernières places négociant même du quai avec le
            capitaine, mais notre Francis, René et bien d’autres n’en furent pas.
            Encore raté : pas de croisière en Méditerranée !
            Il fallut envisager une autre voie, terrestre et ferrée celle-là. Ils termi-
            neront ce grand périple en train comme ils l’ont commencé, préférant
            encore le confort « classe étable » des wagons à bestiaux à la douce
            villégiature d’Odessa.
                            er
            Ils repartent le 1 août. Le train traverse l’Europe centrale par Prague
            où le convoi s’arrête. C’est alors que René est pris d’une lubie : après
            cinq années de captivité, non comblé par les charmes de Tambov,
            Môssieur Batifouyé veut faire le touriste à Prague. Ah, les poètes !
            Inquiet, Francis tente de le dissuader en vain. Obstiné, René descend
            du train. Francis reste dans son wagon, mais a guetté angoissé, le
            retour de son ami. Heureusement, il revint à temps.


            Paris est atteint le 18 août 1945. Ils doivent rejoindre le centre Michelet
            pour une visite médicale et obtenir leur carte de rapatrié, titre provi-
            soire d’identité obligatoire pour circuler. Un pécule leur est remis.






























            carte de rapatrié recto



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