Page 87 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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« Oh, ma chère maison. »
Pendant ce temps à Quétiéville, c’est dimanche avec la fête au village.
Il y a là sa sœur Jeanne, Clémentine et Marie-Madeleine, ma mère, à
qui je laisse la plume : elle a bien voulu écrire cet instant trente-neuf
ans plus tard à notre demande :
« Le retour de captivité de Francis,
Un des plus beaux moments de ma vie : le retour de Francis le 19
août à 16 heures 45. J’étais sans nouvelles depuis une année. Francis
était parti depuis le 18 février 1940, date à laquelle il avait eu les 10
jours de permission de tous.
C’était un dimanche, le jour de la fête de Quétiéville. Ma belle-mère,
Jeanne, Henri Songis et leurs deux enfants Claude et Nicole étaient
arrivés en vacances depuis quelques jours. Nous étions rentrés des
vêpres, car il y avait encore des vêpres en ce temps-là. Naturellement
j’espérais le retour de mon mari depuis quelque temps puisque beau-
coup de prisonniers étaient rentrés, mais un peu découragée de ne
rien voir venir. J’étais adossée à la fenêtre, nous parlions de ce que
nous allions faire : aller ou non à la fête du pays... j’entends un bruit
de voiture, je me retourne vers la route, j’aperçois un militaire.
J’ai dû dire : « C’est Francis ! » en bondissant dehors vers la grille
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