Page 59 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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Marie-Madeleine reviendra également à Argences avec Maurice pour
            voir l’état de la propriété et tenter de récupérer des affaires. Peut-être
            firent-ils aussi un détour par les herbages pour vérifier s’il restait des
            animaux ?


            À 70 kilomètres de la côte, ils pensaient avoir trouvé un endroit plus
            sûr. Mais la bataille se rapproche et ils se trouvent vite exposés à
            nouveau sur ce secteur proche de Chambois et Trun. C’est là que se
            dérouleront les combats décisifs de la bataille de Normandie, moins
            connue que le Débarquement, mais tout aussi meurtrière avec beau-
            coup de victimes civiles. Après 2 semaines à Occagnes, ils repartent
            vers le nord à Quétiéville, à 29 kilomètres à l’est de Caen, dans la
            ferme familiale, Marie-Madeleine en vélo et André menant la vachère.
            La maison est occupée par des gardiens. Clémentine en est la proprié-
            taire depuis le décès de son frère Léon. Ils n’étaient pas les bienvenus,
            mais il n’y a pas eu de problèmes pour réoccuper son bien ! C’est ici
            que Marie-Madeleine et Clémentine vont retrouver un peu de calme
            et attendront la fin du conflit et le retour de Francis un an plus tard.
            Clémentine y retrouve aussi son enfance, le village où elle est née et
            ou vécurent ses ancêtres Méheux et Dubos. C’est elle qui est originaire
            de Mirbel, cette ancienne commune rattachée à Quétiéville vers 1830
            dont la chapelle est si chère à mon père. Plusieurs Dubos d’ailleurs
            furent maires de Mirbel.



            L’offensive russe

            Je laisse Egidijus Kazlauskis décrire la situation à Memel pendant
            ces quelques jours. En qualité d’historien local il apporte un éclairage
            inédit et précis qui sera utile à tous ceux qui cherchent des réponses
            concernant leurs parents captifs à Memel.

            « Fin juillet 44 une évacuation urgente des civils de la région de
            Klaipeda fut proclamée. Les prisonniers de guerre Français et Belges
            placés dans les fermes ou qui travaillaient dans des entreprises bien
            développées, se sont mélangés à la population civile et dirigés vers
            l’Allemagne. Cette évacuation eut lieu surtout en bateau : 50000 civils
            allèrent de Memel à Pillau (Baltiysk, Russie) Gotenhafen (Gdynia,
            Pologne) et Dantzig (Gdansk) en plus d’une semaine. Quelques habi-



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