Page 58 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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Occagnes est à 50 kilomètres. Ils partent en vachère, petite remorque
attelée prévue pour transporter un bovin ou un cheval, avec 3 personnes
et beaucoup de choses. Le départ fut tardif, les routes encombrées,
si bien qu’ils feront étape seulement à Ernes à 15 kilomètres où ils
seront accueillis pour la nuit dans une ferme. Le lendemain il reste 35
kilomètres pour joindre Occagnes, au nord d’Argentan, où habite leur
frère aîné Louis et Alice dans une grosse ferme avec des bâtiments.
André réussit à atteindre Occagnes en soirée. Mission accomplie sans
dommages. Merci André et Maurice, mais la place est prise, d’autres
réfugiés sont déjà installés dans la maison ; ils sont hébergés dans
les communs.
André a été au côté de Marie-Madeleine et Clémentine pendant
plusieurs semaines : son fils Christian m’apporte à ce sujet des infor-
mations complémentaires :
« Papa avait démonté les roues de la Traction pour ne pas que les
Allemands la prennent. Il enleva aussi la génératrice : il voulait
la raccorder à un vélo par courroie pour charger une batterie et
avoir de la lumière le soir. L’affaire n’a pas fonctionné. Je crois
qu’il faut pas mal de puissance pour faire fonctionner une géné-
ratrice, et il faut un système de transmission robuste. Du coup,
papa a été l’homme au milieu des femmes à Argences, Occagnes
puis Quétiéville. »
Après le bombardement d’Argences,
Maurice et André sont revenus :
Il n’y a plus de maison, mais les
communs sont épargnés et cachée
sous le foin, la Traction est intacte.
Pour éviter qu’elle ne disparaisse, ils
décident de la ramener à Occagnes
en prenant sans doute beaucoup de
risques : jamais ses fils, Christian,
ou François n’ont entendu parler
de cette opération commando.
Maurice avait pris son appareil photo
et a pu immortaliser ce sauvetage.
La Traction Avant.
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