Page 117 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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Rendez-vous est pris à l’ambassade le 17 juin avec le colonel Moulia
ou son assistante Mme Aurélie Leroux.
Après bien des péripéties de location de voiture sur lesquelles je
passe, nous partons vers Kaunas en allant voir au passage le château
de Trakaï puis Klaipeda où nous arrivons le 8 juin. Nous sommes à 3
kilomètres au sud de la ville dans un grand hôtel situé à proximité du
bac qui rejoint la presqu’île de Courlande. Il se trouve que cet hôtel
est très près de l’endroit où était la ferme de Neuhof. Francis y a résidé
pendant 5 mois en fin de captivité lituanienne, jusqu’au moment de
l’attaque russe (13 mai au 09 octobre 1944). Je suis déjà sur un site
historique. Il a dû fréquenter les alentours.
La situation géopolitique n’a pas changé avec la proximité russe : il se
trouve qu’il y a cet été des manœuvres de l’OTAN en Lituanie avec
une présence militaire française et nous constatons en effet que les
quais sous nos yeux sont remplis de matériels et véhicules. J’imagine
qu’il y a des espions russes dans cet hôtel idéalement placé avec vue
plongeante sur du matériel sensible à portée de téléobjectif. Nous
pouvons photographier ces véhicules sans difficulté.
Finalement la situation est toujours la même : la géographie est plus
têtue que l’histoire.
Le jeudi 9 juin, Egidijus fait irruption dans le hall de l’hôtel vers 9 h.
Il n’est pas seul : avec lui une jeune femme et un homme équipé
d’un appareil photo professionnel. Présentations : il s’agit de Daiva
Janauskaité, journaliste, celle-là même qui a publié la photo de Kuhlen
en 2010 et Vytautas Liaudanskis, correspondant photo du journal.
Ils vont nous accompagner ce matin. Je suis ému, comprenant qu’ils
ont préparé un accueil : Daiva veut écrire un article qui sera publié
dans le journal après-demain, journal qu’ils viendront nous remettre
le 11 juin. On s’installe dans le hall de l’hôtel un peu à l’écart et
je commence à sortir mes documents majeurs relatifs à Liewern et
Kuhlen : Egidijus, que nous découvrons enfin, nous est d’emblée
sympathique, chaleureux, jovial, genre ouragan, sincèrement heureux
de nous voir Brigitte et moi.
À cet instant, il a déjà découvert beaucoup de choses et manifesté une
telle curiosité, un tel enthousiasme pour cette histoire qu’il est déjà
pour moi un ami véritable. Il semble très impressionné d’avoir dans la
main les originaux de documents qu’il connaît déjà comme le dessin
et le poème de la forêt de Liewern de René Batifouyé ou les étapes
de captivité écrites de la main de Francis. Pour lui aussi, ce retour en
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