Page 113 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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du Parc, Strasbourg Illkirch, Bas-Rhin ». J’en parle à Michel Perrin
            qui me rappelle peu après en me donnant le numéro de téléphone tout
            simplement trouvé... dans l’annuaire !
            Je me sens un peu ridicule : on a tendance à penser à tort que tout
            disparaît et change en 70 ans ; eh bien non ! il existe des familles qui
            restent dans les mêmes demeures sur plusieurs générations avec les
            mêmes noms : il faut toujours tenter d’abord le plus simple.

            J’appelle à ce numéro. Une femme décroche, je me présente et lui
            explique avoir trouvé le nom de Gustave Freyman dans les papiers de
            mon père prisonnier de guerre. Cette dame me répond que Gustave
            est son père, qu’il est décédé, mais que son frère à elle est bien rentré
            de captivité et qu’elle va lui en parler !
            Elle me demande mon numéro pour me rappeler. Je raccroche, décon-
            tenancé sans comprendre : J’imagine que Gustave est un copain de
            Francis et qu’il est décédé. Cette dame est la sœur de qui ? Je ne vais
            pas tarder à le savoir :


            31 août 2010 à 19 h 30

            Appel de Joseph Freymann


            Le téléphone sonne, nous sommes à table, je prends le combiné :

               « Bonjour, je suis Joseph Freymann, ancien de Tambov ; j’y ai
               bien connu votre père qui a été mon meilleur ami. Je lui avais
               effectivement confié une lettre pour prévenir mon père, Gustave,
               que j’étais vivant. »


            Je suis en présence d’un ancien de Tambov dont j’ignorais totalement
            l’existence il y a quelques minutes et qui plus est, avait été l’ami de
            mon père ! J’étais éberlué, tremblant et bafouillant, ne sachant que dire
            tant la surprise était intense. Je n’avais pu imaginer que cela arrive-
            rait, que je trouverais un témoin vivant de Tambov. Je ne le cherchais
            même pas, ne le connaissant pas. Ma mère ne m’en a jamais parlé et
            ne s’en souvenait pas.
            Je préviens aussitôt Michel Perrin pour l’informer et le remercier.
            En reprenant la photo je discerne alors écrit au-dessous de Gustave :
            « Joseph Freymann. »



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