Page 52 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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« Je veux espérer que cette année je pourrai aller t’embrasser. Je suis
            bien ici dans cette ferme et je voudrais bien y terminer ma captivité. »
            Lettre à sa mère du 7 décembre 1941.

            On connaît d’autres prisonniers dans les fermes voisines : À Klepal-
            Klaus il y a un Belge, Georges Leonard. Il arrive en juillet 43 en prove-
            nance de Birsseninken près de Prokuls. Le fermier s’appelle Jurgeit.
            À Lebarten Nauseden réside René Jeannot dont je parlerai en deuxième
            partie de cet ouvrage. Les prisonniers se retrouvaient le dimanche :
            on sait que certains organisaient le matin des offices religieux dans
            la nature. L’après-midi après un repas amélioré, ils jouaient au ballon
            ou bavardaient entre eux.


            Argences, 7 septembre 1942

            Pendant ce temps Marie-Madeleine tient
            sa ferme, fière de son élevage de veaux.
            Elle devait aussi aller à Quétiéville à
            8 kilomètres surveiller l’autre ferme
            ou un employé s’occupait des tâches
            courantes et à Saint-Ouen-du-Mesnil-
            Oger où il y a deux herbages. Il y a bien
            des « gardiens » ou « gardiennes » qui
            sont des personnes chargées seulement
            de  surveiller  les  herbages  éloignés  :
            compter les animaux verifier s’ils sont
            en bonne santé, si les barrières sont
            fermées afin de prévenir le propriétaire
            de tout incident. Ces personnes ne sont
            pas employées à proprement parlé mais
            rémunérées par entente verbale en espèce  Marie-Madeleine
            ou par dons en nature. Quand le propriétaire passe il commence par
            aller voir le ou la gardienne, prend un café en écoutant les « potins » du
            coin. Il arrive que des « gardiens » assurent ces tâches pour plusieurs
            propriétaires. Ces petites gens, surveillants de campagne, cette petite
            économie des chemins creux a disparu.
            Elle utilisait beaucoup le vélo, ne maîtrisant pas l’attelage et la
            conduite d’un cheval. mais ce n’était pas rien de se déplacer en vélo
            avec beaucoup de routes non goudronnées.



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