Page 111 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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Je ressens la joie d’une première victoire, d’un premier résultat tangible
avec le sentiment qu’il n’y a plus de doute. La recherche n’est plus
vaine : j’ai localisé les lieux où Francis a vécu du 24 octobre 1940 au
13 mai 1944 et trouvé sur place un collaborateur efficace qui est aussi
excellent en reconstitution historique. Son centre d’intérêt est préci-
sément la Seconde Guerre mondiale. À ce titre, il a participé au film
Surviving the D Day comme acteur dans le rôle du général américain
Norman S. Cota dont il m’a envoyé quelques photos de tournage. Il
me demandera de le mettre en rapport avec des collègues Normands
dans l’idée probable de venir un jour voir les sites du Débarquement
normand. Il ne parle pas français et nous échangeons en anglais.
Joseph Freyman
Pendant ce temps, je classe les documents en examinant attentivement
les photos ramenées dans l’étui de toile brune : il y a celles empor-
tées au départ auxquelles s’étaient ajoutées celles reçues par la suite
venant de Normandie. L’intérêt porte certes sur le recto, mais surtout
le verso. Pourquoi ? Parce que ces petites photos rigides constituaient
un parfait carnet de notes dans les périodes les plus difficiles comme
à Tambow où il n’y avait pas de papier à disposition. J’y trouvais
des noms et adresses, des listes de prisonniers avec des horaires.
Rien n’était inutile : pas de gribouillages. C’est écrit petit et serré au
crayon : 103 photos ce qui représente l’équivalent de 10 pages 21 x
29,7 cm dans une pochette de 15 x 11 cm : la pénurie rend inventif.
À cette période je trouve sur Internet un site historique consacré
aux prisonniers de guerre de Prusse orientale concernant surtout les
stalags 1A et 1B : le site « stalag_PO » J’échange avec leurs princi-
paux modérateurs Michel Perrin et Robert Broisseau, eux-mêmes fils
de prisonniers, qui m’ont beaucoup aidé et leur envoie le parcours
de guerre avec un court récit. Très vite je suis en contact avec des
personnes qui sont dans la même démarche. Quand nos parcours se
recoupent par les dates et les lieux nous échangeons à la recherche
d’informations ou de l’inespérée photo de groupe où l’on reconnaît
notre parent.
Sur ce site échangent le plus souvent des enfants du prisonnier, et
maintenant des petits-enfants, plus rarement une épouse comme celle
qui me confie « des éléments que même ses enfants ne connaissaient
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