Page 171 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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A une heure du matin je venais te surprendre
            Le jour ou j’arrivais pour une permission
            Et nous passions alors de courts instants bien tendres
                    Irréelle vision


            Je te voyais alors ma courageuse épouse
            Vaquer à tous les soins qu’éxigeaient les saisons
            Nouvelle Pénélope revêtue de la blouse
                    Tu gardais la maison.

            Et durant de longs mois, je pensais sans arrêt
            A toi, puis j’attendais ainsi que chaque soi
            Tes lettres respirant la douceur du foyer
                    qui redonnaient l’espoir.

            Vint l’horrible tourmente où tes yeux soutenaient
            Mon courage. Un long mois sans nouvelles
            Tu dus rester alors et combien je songeais
                    A ma chérie..... à elle !

            Exilé, en ces lieux jusqu’alors inconnus
            Loin, o très loin de toi, ma petite adorée
            Je revis dans mes songes l’heure où je t’ai connue
                    L’heure où je t’ai aimé....

            Mais par tes douces lettres où je sens ta tendresse
            Par tes petits colis me comblant de douceurs
            Je sens fuir loin de moi ces instants de détresse
                    Malgré tristesses et pleurs.


            Tout cela est pour moi l’espoir suave et doux
            Du bonheur infini qui m’attend au retour
            En ces temps si pénibles, parmi ces gros cailloux.
                    Te revoir pour toujours

            Oh oui ! De te revoir, ma Marie-Madeleine
            D’être alors près de toi et de te cajoler
            Oui ! Dieu me remettra à l’épouse qui m’aime
                    Lui qui sait consoler.


            René Batifouyé. Liewern, 27 avril 1941


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