Page 169 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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Puis voici tes quartiers ravagés par les bombes
Des avions soviétiques venus par la journée
Et le malheur voulut qu’il en creuse des tombes
A de pauvres amis leur labeur terminé
Sur ton vaste terrain formant ton « flugplatz »
Arriver et partir de très nombreux engins
Et au loin vers la butte filer l’avion de chasse
Et de bombardement dans un ciel incertain
J’ai aussi entendu tes nombreuses alertes
De défense passive au son si languissant
Et par des nuits sans lune dans le ciel éclairant
Les feux des projecteurs tracer leur lueur nette
S’en aller et venir tes nombreux écoliers
Par ces rudes hivers très tôt dès le matin
Les « schlutts » qui rayaient la neige des chemins
Dans ton port glacé des bateaux amarrés
Et puis tes campagnards qui par les matins clairs
Arrivaient en tes murs avec leur voiturette
Cahotant sans arrêt avec un bruit d’enfer
Les harnais cliquetant munis de l’étiquette
Combien tu m’as semblé ville cosmopolite
Alors que dans les rues passaient ces étrangers
Ces soldats revêtus d’uniformes insolites
De Belgique et de France circulant sans arrêt
Dans la cohue des gens aux trottoirs encombrés
Parmi la populace venue du territoire
Dambulant les rues ces civils polonais
Implantés par la force en ce nouveau terroir
Femmes et jeunes filles de la Lithuanie
Le fichu bariolé encadrant leur visage
Femmes et jeunes filles du grand pays nazi
Leur insigne accroché au revers du corsage
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