Page 34 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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CHAPITRE 3
La Lituanie
ans avoir le temps de découvrir tous les charmes du stalag et de sa
Srégion il est affecté au Kommando E12 de Memel sous la respon-
e
ere
sabilité et la garde de la 1 compagnie du 123 bataillon.
Dès le 6 août il repart encore plus au nord et à l’est, vers Preussisch-
Eylau puis Tilsit. Napoléon et son armée sont aussi passés par là en
d’autres temps. Il rejoint Memel où il restera deux mois sur lesquels il
n’y a aucune information. Sans doute s’agit-il de lui trouver son affec-
tation terminale, son « petit Kommando ». Il va découvrir le grand port
de Memel ou Klaipeda, ville hanséatique, seul port libre de glaces tout
l’hiver ; ce port a un grand intérêt stratégique expliquant tensions et
conflits entre Allemands et Russes pour son contrôle. Pour l’heure, il
est allemand, mais la frontière de la bande de territoire qui l’annexe,
appelée la bande de Memel, est à quelques kilomètres. Chacun sait
que lors de la prochaine et inévitable attaque russe c’est Memel qui
sera l’objectif prioritaire. Par conséquent les populations locales et
les prisonniers réalisent qu’ils sont très exposés. Cette crainte sera
validée par la suite avec les bombardements sur Memel d’origine
russe, mais aussi anglaise.
Le grand Kommando de Memel sera subdivisé en petits Kommandos,
certains restant en ville dont la plupart travailleront sur le port ou au
chantier naval. Les autres seront répartis vers la campagne et surtout
dans les fermes dont beaucoup appartiennent à des familles alle-
mandes. Les hommes sont partis combattre sur d’autres fronts. Memel
offre les avantages d’une grande cité portuaire avec les commerces,
bars et distractions qui seront appréciées des prisonniers, mais au prix
d’un risque accru.
Francis s’y retrouve avec son ami René Batifouyé qui va le suivre
durant la plupart les étapes de sa captivité. René, originaire de Tulle
est poète. Bien que captif dans un pays ennemi, il est néanmoins
capable de s’émouvoir sur ce qui l’entoure : une forêt ou l’atmosphère
d’une ville, tous ces nouveaux effluves reçus d’un pays inconnu il
les exprime en alexandrins. C’est ainsi qu’il va rédiger un poème sur
Mémel 1940-44 qu’il nomme déjà Klaipeda, du nom lithuanien.
On ne peut mieux décrire Memel (voir appendice p.189).
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