Page 31 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
P. 31
Il reste une semaine au stalag 1A, le temps d’être enregistré dans un
« meldung » ou liste d’inscriptions et affecté d’un numéro gravé sur
une petite plaque métallique qu’il doit toujours avoir sur lui. Ce sera
« 15446 FZ », le franzouze n°15446.
Egidijus Kazlauskis nous donne plus de précisions sur le rôle et
le fonctionnement du camp :
« Le 22 juin 1940 la France abandonne la majeure partie de son
territoire et perd environ 2 millions de ses concitoyens : il s’agit d’en-
viron 10 % de ses hommes adultes. Ceux qui étaient des soldats hier
ont été considérés par l’occupant comme dangereux et emprisonnés.
Pour éviter les évasions les prisonniers français ont été aussitôt
envoyés en Allemagne et mis dans des camps spéciaux sur tout le
territoire. En Prusse orientale les plus connus furent les stalags 1A et
1B. Le stalag 1A était le plus proche des villes de Memel et Heydekrug
et de leurs territoires qui commence rive droite de la rivière Niémen
où le soldat français Francis Leclerc, le personnage central de cette
histoire et ses compatriotes furent emprisonnés.
Le stalag 1A a été édifié à 45 kilomètres au sud-est de Koenigsberg
(l’actuelle Kaliningrad russe) près du chemin de fer entre les villages
de Klaussen et Waldkein (maintenant Bagrationovsk Russie (Lit Prusy
Inuva) près de la frontière germano-polonaise de 1939. À l’automne
1940 arrivent les prisonniers belges et aussitôt après les Français.
Au début il y eut 35000 Français et 23000 Belges.
En 1941, 2500 Français et environ 10000 Russes s’y ajoutent. Y furent
emprisonnés les simples soldats et les sergents, les officiers étant dans
des camps séparés nommés « oflags »
Le but de ce camp était d’organiser l’emploi des prisonniers et leur
répartition dans toute la Prusse orientale jusqu’aux contrées les plus
lointaines de l’empire le port de Memel (Klaipeda). Les localisations
étaient codées avec la lettre « E » et l’unité, le groupe de travailleurs
était appelé Komando, les groupes plus petits étant appelés « Zug ».
Il y avait 21(23) groupes en tout, celui de Memel était le « E12 » et
la ville de Heydekrug et ses environs (Siluté) s’appelait E13.
On estime à 50 % la proportion de prisonniers envoyée dans les fermes ;
l’autre moitié qui étaient des ouvriers qualifiés était envoyée dans les
usines et manufactures, entreprises industrielles, garages et même
dans les commerces ou services. Ils travaillaient comme mécaniciens,
- 31 -