Page 28 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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C’est le début d’une longue captivité de 5 ans. Il est transporté à
Belfort par Giromagny au camp Bougenel où il reste jusqu’au 26
Juillet 1940.
Samedi 29 juin
« Ma chère Maman, ma chère Jeanne,
Je ne sais pas si vous avez reçu de mes nouvelles, je suis prisonnier
depuis le 21, nous sommes bien traités, je suis en parfaite santé,
j’espère vous revoir bientôt.
Je vous embrasse tous bien affectueusement.
Francis. »
À Belfort, les bruits les plus fous circulent sur leur devenir ce qui fait
l’objet d’une chansonnette :
« En nous promenant, allons au camp Gérard
Nous apercevons le fameux canard
Je parie cent francs, ça c’est officiel
Nous serons chez nous tous pour la Noël ! » (Hélas !)
Le facteur amène une lettre à Marie-Madeleine :
« Norrey, 16 juillet 1940
Madame,
Recevant une lettre de mon mari qui est prisonnier, il me dit de
vous faire savoir que Francis Leclerc d’Argences est avec lui bien
portant comme prisonnier à Belfort. Voici l’adresse :
Camp Bougenel, Bâtiment N° 2 Belfort.
C’est tout ce que je peux vous fournir comme renseignements pour
l’instant, espérons que le courrier viendra mieux d’ici quelque
temps. Recevez Madame mes salutations.
J.M de Gastebled, Norrey-en-Bessin par Bretteville-l’Orgueilleuse
Calvados. »
Le coup est rude, elle se rend compte que la carte reçue de son mari
est soumise à la censure allemande et que ce texte neutre lui a été
imposé. Tout espoir de le revoir à court terme s’envole. Elle n’aura
plus d’informations fiables. Il est peut-être blessé ?
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