Page 22 - Un bout de crayon - Francis Leclerc
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de cérémonies. Durant cette période alsacienne, il a joué à l’orgue
d’une église probablement à Marckolsheim où ils sont restés plus
de deux mois jusqu’au 14 avril. Les orgues alsaciens étaient réputés
pour leur sonorité et il a dû goûter ce privilège d’avoir sous ses doigts
cet instrument merveilleux. Cette initiative appréciée à la fois de la
hiérarchie militaire et de la population lui aurait valu des exemptions
de corvées.
Dans une lettre du 22 mars 1940, il écrit :
« J’arrive de l’église, il y avait chemin de croix à 3 heures, j’ai fait
mes Pâques le jour des Rameaux. En ce moment je suis cultivateur,
mais hélas pas à mon compte. L’unique couple de cigognes du pays
est arrivé, son nid est en face chez nous. »
Je découvre que mon père est aussi ornithologue, à l’occasion. Voilà
un point commun avec son fils.
21 avril 1940 : « Je suis caporal depuis lundi. »
Et puis à partir du 14 mai la situation militaire évolue avec un mouve-
ment vers Pfaffenheim et Weckolsheim. Le courrier se fait rare, plus
court, écrit à la hâte ou sous une tente. Le 13 juin, rapide déplacement
vers le relief vosgien. Est-ce un repli ? le col de la Schlucht... le Ballon
d’Alsace ! Probablement pris en tenaille, ils se rendent le 21 juin1940
sur le plateau des Granges. Aucune information sur les combats, les
blessés ou tués. Il avait dit à ma mère plus tard qu’un de ses copains
dénommé Poisson de Domfront dans l’Orne aurait été blessé et s’en
serait remis. Mais voilà, Francis est prisonnier.
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